Cercle Littéraire

Le Cercle Littéraire se réunit chaque mois pour discuter d'une oeuvre littéraire francophone, classique ou contemporaine.

La prochaine réunion a lieu le jeudi 18 mai à 10h

Au Starbucks de la Citadelle, 1824 N Hwy 17 M, Pleasant, SC 29464 

Deux livres ce mois:

"La Place" d'Annie Ernaux et "Metisse Blanche" de Kim Levèvre

 

 

Récapitulatif février:

Tout commence lorsque Jean Roscoff, universitaire à la retraite, ancien sympathisant socialiste et militant antiraciste, décide de publier un recueil de poèmes écrit par un auteur américain oublié, Robert Willow. Ceci en soi n’aurait que peu d’importance sauf que Jean Roscoff étant blanc et Robert Willow noir, il lui est immédiatement reproché de ne pas avoir fait cas dans son livre de la race de l’auteur. Pour le nouveau mouvement « Woke », expliquer l’œuvre d’un auteur sans parler de sa race équivaut à être raciste puisque l’on nie cette particularité essentielle de l’individu. Pour Jean Roscoff qui a milité dans les années 80 à SOS racisme et se croit donc obligatoirement anti-raciste, la critique est difficile à comprendre. Il crie au « lynchage médiatique », ce qui ne fait qu’aggraver son cas puisque le mot « lynchage », faisant référence aux esclaves  noirs américains, est totalement à proscrire… Nous allons donc suivre les péripéties de Jean Roscoff qui va malgré lui se retrouver accablé de l’étiquette de raciste réactionnaire par tous les critiques littéraires de gauche, alors que la droite le félicite d’avoir su utiliser les bons mots pour expliquer l’injustice de sa situation. Le livre est désopilant, écrit avec une richesse de vocabulaire extraordinaire qui tourne en ridicule le snobisme intellectuel à la française. Abel Quentin passe en revue trois générations, à commencer par les années 60 quand Sartre déclarait que tout anticommuniste était un salaud et mettait Camus au ban des cercles littéraires parisiens… Nous passons ensuite aux années 80, où des mouvements comme « touche pas à mon pote » visaient à éliminer les différences raciales en donnant bonne conscience à ses participants, surtout blancs et privilégiés… Et pour finir, le mouvement « woke » actuel où toute personne de couleur est appelée « racisée » et où Jean Roscoff se fait traiter de raciste quand il ne mentionne pas la race d’un auteur ! Le point commun de ces mouvements est bien sûr un totalitarisme intellectuel qui semble se répéter de génération en génération….

Le Voyant d’Etampes est un livre vraiment amusant et très bien écrit. Il présente une très fine analyse de la société politique et intellectuelle française de l’après-guerre jusqu’à notre époque, ce qui le rend intéressant du point de vue historique également. Livre à lire absolument !

Récapitulatif janvier:

L’Anomalie d’Hervé le Tellier nous a plu par son originalité, son style et son humour…. Pourtant, nous avons toutes été déroutées par un début un peu difficile, l’auteur prenant le temps de nous présenter en détail la vie de onze personnages qui n’ont à priori rien en commun…. à part le fait d’avoir pris un vol Paris-New York un même jour au mois de mai…. Digne d’un récit de science-fiction, le livre nous raconte alors l’histoire d’une anomalie, en quelque sorte une erreur de programmation, qui va faire que les personnages vont se trouver confrontés à leurs doubles – personnages totalement identiques mais ayant vécu trois mois de vie en moins qu’eux-mêmes… Beaucoup de problèmes bien sûr vont découler de cette situation, des problèmes psychologiques, philosophiques, gouvernementaux, religieux… Est-il possible qu’un individu ne soit qu’un « programme »qui puisse se démultiplier à l’infini ? Notre monde ne serait-il qu’un grand jeu virtuel, voilà ce à quoi nous confronte l’auteur…. L’Anomalie a été écrit pendant le confinement, quand le monde a été totalement désorganisé du jour au lendemain à cause d’un virus… un évènement qui aurait été impensable pour la planète quelques mois auparavant et qui donne une autre dimension à ce roman…. L’auteur nous fait réfléchir avec beaucoup d’humour à une situation semblable à celle du Covid et fait même intervenir Donald Trump et Emmanuel Macron qui tentent de résoudre le problème! Le livre est truffé d’allusions à toutes sortes de faits divers et de personnages célèbres que l’auteur met en scène avec beaucoup d’astuce pour rendre la situation plus crédible.

Merci à Lydia et à Irène de nous avoir fait remarquer qu’Hervé le Tellier est mathématicien, astrophysicien et président de l’Oulipo (L'Ouvroir de littérature potentielle), un groupe cherchant de nouvelles potentialités du langage à travers des jeux d'écriture (dont les membres fondateurs se plaisent à se décrire comme des « rats qui construisent eux-mêmes le labyrinthe dont ils se proposent de sortir » ). Ceci explique beaucoup de choses, en particulier la construction très originale de l’histoire !

 

Bonne lecture et à bientôt !
Brigitte

Rendez-vous sur le blog pour plus d'information :  https://cerclelitterairecharleston.wordpress.com 

 

 

Pour plus de renseignements, contactez

Brigitte Codron: codronb@cofc.edu

Mars : Par Amour

"Tout comme mes grands-parents, ma mère parlait peu de la guerre. Ou bien seulement avec d’autres Havrais. Je devinais pourtant qu’ils avaient vécu l’enfer. Un jour, j’ai saisi les raisons de ce silence. La ville n’avait pas seulement été occupée par les Allemands. Nos propres alliés, les Anglais, l’avaient bombardée sans relâche, puis détruite, assassinant nombre de ses habitants. Ce n’était pas une chose à dire.
Alors, j’ai voulu comprendre. Il a fallu retrouver des témoins du drame. Exhumer des archives. Ce que j’ai découvert m’a éclairée sur ce qu’est le courage, l’abnégation, et sur l’amour, qui était demeuré leur seul carburant."

Voici donc l’histoire de deux familles havraises emportées dans la tourmente de la Seconde Guerre mondiale. D’un côté, Joffre et Emélie, concierges d’école durs au mal, patriotes, et leurs enfants ; de l’autre, le clan de Muguette, dont l’insouciance sera ternie par la misère et la maladie.
Du Havre à l’Algérie où certains enfants seront évacués, des chemins de l’exode au sanatorium d’Oissel, ce roman choral met en scène des personnages dont les vies secrètes s’entremêlent à la grande Histoire, et nous rappelle qu’on ne sait jamais quelles forces guident les hommes dans l’adversité.

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Février : Désorientale

Si nous étions en Iran, cette salle d'attente d'hôpital ressemblerait à un caravansérail, songe Kimiâ. Un joyeux foutoir où s'enchaînerait bavardages, confidences et anecdotes en cascade. Née à Téhéran, exilée à Paris depuis ses dix ans, Kimiâ a toujours essayé de tenir à distance son pays, sa culture, sa famille. Mais les djinns échappés du passé la rattrapent pour faire défiler l'étourdissant diaporama de l'histoire des Sadr sur trois générations : les tribulations des ancêtres, une décennie de révolution politique, les chemins de traverse de l'adolescence, l'ivresse du rock, le sourire voyou d'une bassiste blonde ...
Une fresque flamboyante sur la mémoire et l'identité ; un grand roman sur l'Iran d'hier et la France d'aujourd'hui.

Janvier : Joseph Fouché

Joseph Fouché (1759-1820) est l'une des figures les plus énigmatiques de son temps. Élevé chez les Oratoriens, il fut un pilleur d'églises. Conventionnel modéré, il massacra les royalistes de Lyon. Ayant voté la mort de Louis XVI, il fut ministre de Louis XVIII. Napoléon, qui en fit son ministre de la Police, le chassa et le rappela : il le craignait et avait besoin de lui. La postérité n'a longtemps vu en Fouché que l'opportuniste cynique, capable de toutes les infamies et de toutes les trahisons pour assouvir son goût du pouvoir. Il le fut, mais il sut aussi s'opposer habilement à Robespierre comme à Napoléon, et, en quelques occasions décisives, agir en fonction du bon sens et de l'intérêt de son pays. Biographe de Marie-Antoinette et de Balzac, le romancier d'Amok et de La Confusion des sentiments nous donne ici un saisissant portrait de ce personnage, en qui il voit la première incarnation d'un type politique moderne : l'homme de l'ombre, dissimulé, manipulateur, actionnant en coulisses les mécanismes du pouvoir réel.

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Octobre : Un Loup pour l'Homme

Printemps 1960. Au moment même où Antoine apprend que Lila, sa toute jeune épouse, est enceinte, il est appelé pour l’Algérie. Engagé dans un conflit dont les enjeux d’emblée le dépassent, il demande à ne pas tenir une arme et se retrouve infirmier à l’hôpital militaire de Sidi-Bel-Abbès. À l’étage, Oscar, un jeune caporal amputé d’une jambe et enfermé dans un mutisme têtu, l’aimante étrangement : avec lui, Antoine découvre la véritable raison d’être de sa présence ici. Pour Oscar, « tout est à recommencer » et, en premier lieu retrouver la parole, raconter ce qui l’a laissé mutique. Même l’arrivée de Lila, venue le rejoindre, ne saura le détourner d’Oscar, dont il faudra entendre le récit, un conte sauvage d’hommes devenus loups. Dans ce roman tout à la fois épique et sensible, Brigitte Giraud raconte la guerre à hauteur d’un homme, Antoine, miroir intime d’une époque tourmentée et d’une génération embarquée malgré elle dans une histoire qui n’était pas la sienne. Et avec l’amitié d’Oscar et Antoine, au coeur de ce vibrant roman, ce sont les indicibles ravages de la guerre comme l’indéfectible foi en la fraternité qu’elle met en scène.

Septembre : Bérézina

«Il y a deux siècles, des mecs rêvaient d’autre chose que du haut-débit. Ils étaient prêts à mourir pour voir scintiller les bulbes de Moscou.»

Tout commence en 2012 : Sylvain Tesson décide de commémorer à sa façon le bicentenaire de la retraite de Russie. Refaire avec ses amis le périple de la Grande Armée, en side-car! De Moscou aux Invalides, plus de quatre mille kilomètres d'aventures attendent ces grognards contemporains.

«Une épopée livresque, diablement tonique, rebelle à mort.»
Christophe Ono-dit-Biot, Le Point

Elu «meilleur livre de voyage 2015» par le magazine Lire
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Prix littéraire de l'Armée de Terre - Erwan Bergot 2015

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Août : Pardonnable Impardonnable

Un après-midi d'été, Milo, douze ans, fonce à vélo sur une route de campagne. L'ivresse de la descente, un virage, et c'est la chute.
Tandis que l'enfant se bat pour sa vie, c'est toute sa famille qui vole en éclats. Milo était censé réviser ses cours d'histoire. Que faisait-il sur cette route ? Chacun cherche le coupable, mais personne n'est innocent.

Dans ce ballet des aveux où défilent les parents, Céleste et Lino, l'indéchiffrable grand-mère Jeanne et la jeune tante Marguerite, se dessinent peu à peu les mensonges, les rapports de force et les petits arrangements qui cimentent la famille. L'amour que tous portent à Milo suffira-t-il à endiguer la déflagration?

Un roman vibrant qui explore avec justesse nos cheminements souterrains vers le pardon.

Juillet : Tous les Matins du Monde

« Il poussa la porte qui donnait sur la balustrade et le jardin de derrière et il vit soudain l'ombre de sa femme morte qui se tenait à ses côtés. Ils marchèrent sur la pelouse.
Il se prit de nouveau à pleurer doucement. Ils allèrent jusqu'à la barque. L'ombre de Madame de Sainte Colombe monta dans la barque blanche tandis qu'il en retenait le bord et la maintenait près de la rive. Elle avait retroussé sa robe pour poser le pied sur le plancher humide de la barque. Il se redressa. Les larmes glissaient sur ses joues. Il murmura :
– Je ne sais comment dire : Douze ans ont passé mais les draps de notre lit ne sont pas encore froids. »

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Juin : L'envers et l'Endroit

Les essais qui sont réunis dans ce volume ont été écrits en 1935 et 1936, lorsque Camus avait vingt-deux ans. On a pu dire que ce petit livre contient ce que Camus a écrit de meilleur. Dans une importante préface qui date de 1958, Albert Camus situe ces essais dans la structure générale de son œuvre et il conclut que, "si j'ai beaucoup marché depuis ce livre, je n'ai pas tellement progressé ". On trouve, en effet, tous les thèmes majeurs de l’œuvre de Camus dans ces premières pages qu'il a écrites.

Avril : Arrête tes mensonges

"Je découvre que l'absence a une consistance. Peut-être celle des eaux sombres d'un fleuve, on jurerait du pétrole, en tout cas un liquide gluant, qui salit, dans lequel on se débattrait, on se noierait. Ou alors une épaisseur, celle de la nuit, un espace indéfini, où l'on ne possède pas de repères, où l'on pourrait se cogner, où l'on cherche une lumière, simplement une lueur, quelque chose à quoi se raccrocher, quelque chose pour nous guider. Mais l'absence, c'est d'abord, évidemment, le silence, ce silence enveloppant, qui appuie sur les épaules, dans lequel on sursaute dès que se fait entendre un bruit imprévu, non identifiable, ou la rumeur du dehors."

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Mars : Une poignée de gens

Un paysan appelé Vania poussait une barque entouré d'enfants. Il est mort d'un arrêt du cœur, là, quelque part dans l'herbe. Les enfants ont grandi en exil, sous d'autres nationalités. Ils sont devenus français, anglais, américains. La plupart ne sont jamais revenus en Russie.

Février : Les Racines du Ciel

La viande ! C'était l'aspiration la plus ancienne, la plus réelle, et la plus universelle de l'humanité. Il pensa à Morel et à ses éléphants et sourit amèrement. Pour l'homme blanc, l'éléphant avait été pendant longtemps uniquement de l'ivoire et pour l'homme noir, il était uniquement de la viande, la plus abondante quantité de viande qu'un coup heureux de sagaie empoisonnée pût lui procurer. L'idée de la «beauté» de l'éléphant, de la «noblesse» de l'éléphant, c'était une idée d'homme rassasié.
Grand roman humaniste et écologiste, il raconte le drame des éléphants dans la savane africaine.

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Janvier : Les Mots

« Le lecteur a compris que je déteste mon enfance et tout ce qui en survit. » Loin de l'autobiographie conventionnelle qui avec nostalgie ferait l'éloge des belles années perdues, il s'agit ici pour Sartre d'enterrer son enfance au son d'un requiem acerbe et grinçant. Au-delà de ce regard aigu et distant qu'il porte sur ses souvenirs et qui constitue la trame de l'ouvrage et non pas son propos, l'auteur s'en prend à l'écrivain qui germe en lui. Pêle-mêle, il rabroue et piétine les illusions d'une vocation littéraire, le mythe de l'écrivain, la sacralisation de la littérature dans un procès dont il est à la fois juge et partie. Ainsi, « l'écrivain engagé » dénonce ce risible sacerdoce, cette religion absurde héritée d'un autre siècle. Du crépuscule à l'aube, un travailleur en chambre avait lutté pour écrire une page immortelle qui nous valait ce sursis d'un jour. Je prendrais la relève : moi aussi, je retiendrais l'espèce au bord du gouffre par mon offrande mystique, par mon œuvre. On ne peut s'empêcher de sourire devant tant d'ironie, et l'on sent l'auteur s'y amuse aussi lorsque, avec cette langue parfaite et cette brillante érudition, il joue les pasticheurs. - Lenaïc Gravis et Jocelyn Blériot

Décembre : Les Promesses de l'Aube

-Tu seras un héros, tu seras général, Gabriele D'Annunzio, Ambassadeur de France – tous ces voyous ne savent pas qui tu es !
Je crois que jamais un fils n'a haï sa mère autant que moi, à ce moment-là.
Mais, alors que j'essayais de lui expliquer dans un murmure rageur qu'elle me compromettait irrémédiablement aux yeux de l'Armée de l'Air, et que je faisais un nouvel effort pour la pousser derrière le taxi, son visage prit une expression désemparée, ses lèvres se mirent à trembler, et j'entendis une fois de plus la formule intolérable, devenue depuis longtemps classique dans nos rapports :
- Alors, tu as honte de ta vieille mère ?

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Novembre : Les Échelles du Levant

"Echelles du Levant", c’est le nom qu’on donnait autrefois à ce chapelet de cités marchandes par lesquelles les voyageurs d’Europe accédaient à l’Orient. Lieux de brassage, univers précaires que l’Histoire avait lentement façonnés avant de les démolir.

Le héros de ce roman, Ossyane, est l’un de ces hommes au destin détourné. De l’agonie de l’Empire Ottoman aux deux guerres mondiales et aux tragédies qui, aujourd’hui encore, déchirent le Proche-Orient, sa vie ne pèsera guère plus qu’un brin de paille dans la tourmente. Patiemment, il se souvient et raconte...

Les moments de ferveur, d’héroïsme et de rêve ; puis la descente aux enfers. Dépossédé de son avenir, de sa dignité, privé des joies les plus simples, que lui reste-t-il ? Un amour en attente. Un amour tranquille mais puissant.

Septembre : Le Soleil des Scorta 

Parce qu'un viol fondé leur lignée, les Scorta sont nés dans l'opprobre. A Montepuccio, leur petit village d'Italie du sud, ils vivent pauvrement, et ne mourront pas riches. Mais ils ont fait voeu de se transmettre, de génération en génération, le peu que la vie leur laisserait en héritage. Et en dehors du modeste bureau de tabac familial, créé avec ce qu'ils appellent "l'argent de New York", leur richesse est aussi immatérielle qu'une expérience,. un sou-venir, une parcelle de sagesse, une étincelle de joie. Ou encore un secret. Comme celui que la vieille Carmela — dont la voix se noue ici à la chronique objective des événements — confie à son contemporain, l'ancien curé de Montepuccio, par crainte que les mots ne viennent très vite à lui manquer.

Roman solaire, profondément humaniste, le nouveau livre de Laurent Gaudé met en scène, de 1870 à nos jours, l'existence de cette famille des Pouilles à laquelle chaque génération, chaque individualité, tente d'apporter, au gré de son propre destin, la fierté d'être un Scorta, et la révélation du bonheur.

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Août : Les Âmes Grises

Une jeune enfant est retrouvée morte, assassinée sur les berges engourdies par le gel d’un petit cours d’eau. Nous sommes en hiver 1917.

C’est la Grande Guerre. La boucherie méthodique. On ne la voit jamais mais elle est là, comme un monstre caché. Que l’on tue des fillettes, ou que des hommes meurent par milliers, il n’est rien de plus tragiquement humain.

Qui a tué Belle de Jour ? Le procureur, solitaire et glacé, le petit Breton déserteur, ou un maraudeur de passage ?
Des années plus tard, le policier qui a mené l’enquête, raconte toutes ces vies interrompues: Belle de jour, Lysia l’institutrice, le médecin des pauvres mort de faim, le calvaire du petit Breton... Il écrit avec maladresse, peur et respect. Lui aussi a son secret.

Les âmes grises sont les personnages de ce roman, tout à la fois grands et méprisables. Des personnages d’une intensité douloureuse dans une société qui bascule, avec ses connivences de classe, ses lâchetés et ses hontes.

Juillet : Eldorado

À Catane, le commandant Salvatore Piracci travaille à la surveillance des frontières maritimes. Il sillonne la mer, de la Sicile à la petite île de Lampedusa, pour intercepter les bateaux chargés d'émigrés clandestins. Un jour, c'est justement une survivante de l'un de ces bateaux de la mort qui aborde le commandant, et cette rencontre va bouleverser sa vie. Ce roman de l'exil et de l'espoir illustre le destin de ceux qui iront, quoi qu'il arrive, au bout de leurs forces, tant il est vrai que "les hommes ne sont beaux que des décisions qu'ils prennent".

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Mai : Suite Française

Écrit dans le feu de l'Histoire, Suite française dépeint presque en direct l'exode de juin 1940, qui brassa dans un désordre tragique des familles françaises de toute sorte, des plus huppées aux plus modestes. Avec bonheur, Irène Némirovsky traque les innombrables petites lâchetés et les fragiles élans de solidarité d'une population en déroute. Cocottes larguées par leur amant, grands bourgeois dégoûtés par la populace, blessés abandonnés dans des fermes engorgent les routes de France bombardées au hasard… Peu à peu l'ennemi prend possession d'un pays inerte et apeuré. Comme tant d'autres, le village de Bussy est alors contraint d'accueillir des troupes allemandes. Exacerbées par la présence de l'occupant, les tensions sociales et les frustrations des habitants se réveillent…
Roman bouleversant, intimiste, implacable, dévoilant avec une extraordinaire lucidité l'âme de chaque Français pendant l'Occupation, enrichi de notes et de la correspondance d'Irène Némirovsky, Suite française ressuscite d'une plume brillante et intuitive un pan à vif de notre mémoire.

Juin : Un Roman Français 

« C’est l’histoire d’une Emma Bovary des seventies, qui a reproduit lors de son divorce le silence de la génération précédente sur les malheurs des deux guerres. C’est l’histoire d’un homme devenu un jouisseur pour se venger d’être quitté, d’un père cynique parce que son cœur était brisé. C’est l’histoire d’un grand frère qui a tout fait pour ne pas ressembler à ses parents, et d’un cadet qui a tout fait pour ne pas ressembler à son grand frère. C’est l’histoire d’un garçon mélancolique parce qu’il a grandi dans un pays suicidé, élevé par des parents déprimés par l’échec de leur mariage. C’est l’histoire d’un pays qui a réussi à perdre deux guerres en faisant croire qu’il les avait gagnées, et ensuite à perdre son empire colonial en faisant comme si cela ne changeait rien à son importance. C’est l’histoire d’une humanité nouvelle, ou comment des catholiques monarchistes sont devenus des capitalistes mondialisés. Telle est la vie que j’ai vécue : un roman français. » F.B.

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Avril - Petit Pays 

En 1992, Gabriel, dix ans, vit au Burundi avec son père français, entrepreneur, sa mère rwandaise et sa petite sœur, Ana, dans un confortable quartier d'expatriés. Gabriel passe le plus clair de son temps avec ses copains, une joyeuse bande occupée à faire les quatre cents coups.

Mars - Paris-Brest 

Encore une réunion agréable aujourd’hui… Nous avons discuté de Paris-Brest qui s’est révélé être un livre perspicace et finalement assez comique au sujet des rapports familiaux et de la structure de la société d’une petite ville de province. Le style d’écriture est aussi très original, consistant à mettre le lecteur à la place de l’écrivain grâce à de nombreuses répétitions qui font penser à un premier jet d’écriture.

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Février - Une Vie

Dans l’ensemble nous avons aimé le livre, où nous avons découvert une femme intelligente, d’une grande intégrité, qui a servi dans de nombreux gouvernements sans jamais se lier à aucun parti politique. Un destin extraordinaire, de nombreuses tragédies, à commencer par son incarcération dans un camp de concentration et la perte d’une bonne partie de sa famille. Simone Veil, aux yeux de ses détenteurs, avait le triple défaut d’être femme, juive et favorable à la législation sur l’avortement. Elle a su surmonter toutes les critiques avec grâce et distinction, ne déviant jamais de son idéal de justice et de progrès social. Le récit, très sobre jusqu’au point de manquer parfois d’émotions, décrit bien les divisions de la classe politique dans la France d’après-guerre.

Janvier - Courrier Sud

Notre réunion a été bien agréable ce mois-ci, bien qu’en petit comité puisque plusieurs de nos membres ont été obligés de s’absenter.

Le livre Courrier Sud nous a bien plu, bien qu’un peu difficile pour certains passages. C’était le premier livre de Saint-Exupéry, et beaucoup des thèmes qui seront développés plus tard dans son œuvre y sont déjà ébauchés : l’avion comme un outil de travail, le travail comme moyen de servir son prochain et de faire partie d’un tout, la fuite, la recherche du trésor enfoui… Un côté mystique aussi avec le thème du dépassement de soi…Nous n’avons pas trop aimé l’histoire d’amour incluse dans le récit, bien qu’elle soit autobiographique puisque Saint-Exupéry a été fiancé à Louise de Vilmorin, et que celle-ci a rompu les fiançailles. Enfin, il est intéressant de lire ce livre dans un contexte, et il serait recommandé de lire à sa suite Terre des Hommes, Vol de Nuit et bien sûr Le Petit Prince pour faire une synthèse…  si vous avez le temps bien sûr !

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